Projet ADRESSAGE : les prélèvements d’eau souterraine sur la frange littorale du SAGE Argoat-Trégor-Goëlo

Récolte et Analyse des Données Relatives aux prélèvements d’Eau Souterraine des Serristes/irrigants travaillant sur la zone littorale du SAGE Argoat-Trégor-Goëlo. Conseils et préconisations pour une Gestion durable de la ressource en Eau souterraine (projet ADRESSAGE).

Financé par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, le Conseil Régional Bretagne et le BRGM.

Dans le cadre de la disposition n°61 du Plan d’Aménagement et de Gestion Durable du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux  ) Argoat-Trégor-Goëlo : « Améliorer la connaissance des prélèvements en zone littorale », 11 secteurs prioritaires pour l’acquisition de connaissances sur les prélèvements en eau ont été définis sur 35 communes littorales du département des Côtes d’Armor (région Bretagne) entre l’Anse de Perros-Guirec et la commune de Plouha (superficie 500 km2).

Face aux enjeux existants (prélèvements, quantité, qualité, biseau salé  , changement climatique) les objectifs du présent projet intitulé ADRESSAGE ont été fixés : récolter et analyser les données relatives aux prélèvements d’eau souterraine (quantité et qualité) des serristes/irrigants travaillant sur la zone littorale du SAGE, pour ensuite donner des conseils et des préconisations d’usage pour arriver à une gestion durable de la ressource en eau souterraine.

Localisation de la zone d’étude du projet ADRESSAGE (communes en rouge) sur le territoire du SAGE Argoat-Trégor-Goëlo (en vert)

Les questions scientifiques et techniques qui se posent sont les suivantes :

  • Quelles sont les données disponibles relatives aux prélèvements d’eau souterraine (dispositifs de comptage des volumes prélevés, analyses de qualité d’eau…) des serristes/irrigants ?
  • Comment mieux estimer les prélèvements d’eaux souterraines   sur le territoire ?
  • Quel est l’impact des prélèvements sur la ressource en eau en zone côtière ?
  • Existe-t-il un risque de remontée du biseau salé   dans les eaux souterraines   ?

Le projet a débuté par l’établissement d’un formulaire d’enquête papier élaboré par Guingamp Paimpol Agglomération (GPA), le BRGM, la CLE du SAGE Argoat-Trégor-Goëlo, les professionnels agricoles (SYNTEC/Chambre d’Agriculture), les structures de bassins versants (SMEGA/SMJGB) avec l’appui des acteurs locaux (EPCI concernés : Lannion Trégor Communauté, Leff Armor Communauté, Union des Coopératives de Paimpol et de Tréguier (UCPT), DDTM 22). Il a été envoyé aux exploitants exerçant sur les 35 communes des 11 secteurs prioritaires. Le formulaire visait notamment à récolter des informations sur le comptage annuel et historique des volumes d’eau souterraine réellement prélevés par forages et sur les résultats d’analyses de la qualité de l’eau souterraine.

Une évaluation des données déjà disponibles et études existantes a été réalisée. Par la suite, une évaluation des besoins en eau souterraine a été effectuée par l’intermédiaire des questionnaires reçus, d’une visite de serres et d’une quantification des serres par photographies satellitaires. Une évaluation des prélèvements en eau souterraine a été faite, dont la précision et les incertitudes ont été discutées. Les travaux se sont ensuite portés sur les aspects qualitatifs, notamment sur les possibilités de salinisation des eaux, avant d’aboutir à des recommandations de gestion sur les aspects quantitatifs et qualitatifs de la ressource en eau souterraine.

L’étude menée a permis d’améliorer significativement la quantification des prélèvements sur la zone d’étude. Elle a notamment permis de définir à l’échelle de la commune les prélèvements en fonction de différentes catégories d’usage (alimentation en eau potable   (AEP), agriculture, élevage, industriel). Cette quantification montre que les usages irrigation et eau potable sont prépondérants sur la zone d’étude. Le volume prélevé annuellement est estimé à 3.1 Mm3/an (dont 1 à 1.3 Mm3/an destinés à l’irrigation et 1 Mm3/an destinés à l’AEP). Elle met cependant en avant une forte disparité à l’échelle de la zone, avec notamment au niveau de certaines communes des parts très importantes d’irrigation, et ce principalement au niveau des communes côtières de Ploubazlanec et Paimpol où la part de l’irrigation sur les volumes prélevés monte respectivement à 95% et 67.5%.

Répartition des volumes prélevés en eau souterraine par usage sur la zone d’étude (après réévaluation en prenant en compte le nombre de forages)

La réalisation de ces bilans de prélèvements met aussi en avant la méconnaissance des prélèvements réellement effectués et le manque de données et outils permettant de les recenser. Les estimations proposées sont parfois basées (à l’exception de l’AEP) sur des volumes liés à des débits instantanés en fin de foration ; débits qui ne sont pas régulièrement mesurés et ne correspondent pas aux débits réels d’exploitation. Ceci ne permet pas de connaitre l’évolution des prélèvements dans le temps et donc de possibles évolutions, qu’elles soient à la hausse ou à la baisse. Les prélèvements estimés ici sont donc soumis à des incertitudes, mais à l’heure actuelle aucune source   d’information plus précise n’est disponible.

La qualité des eaux souterraines   a été étudiée vis-à-vis du risque d’intrusion saline. Il s’avère qu’une salinisation des eaux souterraines   est en cours sur le secteur d’étude. Les données disponibles ne permettent pas de quantifier finement l’amplitude et la vitesse d’évolution. Cependant, le phénomène semble généralisé et bien ancré. Cette salinisation des eaux peut avoir un impact particulièrement important sur les exploitations des serristes et irrigants et se répercuter sur l’activité économique de toute la zone concernée.

A la vue des informations disponibles pour la réalisation de cette étude, l’eau souterraine semble localement fortement exploitée vis-à-vis des quantités prélevées sur une partie du territoire. Les conséquences de cette exploitation sont particulièrement importantes en raison du caractère côtier de la zone d’étude qui entraîne la salinisation en cours des eaux souterraines  .

Il s’avère nécessaire de prendre des mesures collectives pour maintenir une ressource pérenne et durable.

Des recommandations de gestion ont été formulées à la fois sur les aspects quantitatifs et qualitatifs. 14 recommandations ont été formulées notamment sur l’acquisition de connaissances et la mise en place d’un réseau de surveillance afin de limiter la pression sur la ressource du point de vue des volumes prélevés, de limiter l’impact des prélèvements sur la qualité des eaux, notamment sur le risque d’intrusion saline et pour obtenir les informations nécessaires à une gestion intégrative de la ressource en eau souterraine.

Pour en savoir plus : Rapport BRGM/RP-68709-FR

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