Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS en anglais) sont des substances chimiques synthétiques, d’origine anthropique, obtenues par fluoration électrochimique ou polymérisation. Les PFAS sont fabriqués depuis les années 1950.
Les composés poly et perfluorés sont des substances utilisées dans divers domaines industriels et produits de consommation courante. Ils sont par exemple utilisés comme imperméabilisants textiles, mousses anti-incendies ou encore dans les revêtements antiadhésifs et certains emballages alimentaires.
Leur persistance dans l’environnement, leur présence ubiquitaire et leur toxicité suspectée (cancérogénicité, perturbateur endocrinien, immuno-toxicité,…) en font des substances à surveiller.
Pour en savoir plus sur ce que sont les PFAS
Les PFAS dans l’eau potable
La Directive européenne 2020/2184 concernant la qualité des eaux de consommation humaine a été révisée pour suivre la présence des PFAS dans les analyses de l’eau.
Ainsi, 20 PFAS sont ciblés. L’arrêté basé sur la directive européenne (transposition en droit français en décembre 2022) fixe la limite de qualité à 0,10 µg/L pour la somme de 20 de ces molécules dans les eaux de consommation humaines.
- Liste des 20 PFAS intégrés à la surveillance régulière des eaux souterraines (surveillance DCE 2022-2027)
Les PFAS devront être intégrés dans les analyses sanitaires de l’eau de consommation d’ici 2026 ou dès le 1er janvier 2023 pour les points où la présence de PFAS a déjà été identifiée par l’administration.
Pour les eaux brutes de toutes origines utilisées pour la production d’eau destinée à la consommation humaine la limite est de 2 µg/l (2000 ng/l).
Les PFAS dans le milieu
A l’échelle nationale et européenne
- Générations futures a publié le 12 janvier 2023 un dossier qui fait l’état des lieux de la présence de composés perfluorés dans les eaux de surface en France. Lien vers l’article
- Le Monde a publié le 23 février 2023 un dossier sur les PFAS avec à l’appui une carte interactive à l’échelle européenne qui fait l’inventaire :
- des sites de contamination présumée, en 4 catégories : sites de traitement des déchets, site industriel, aéroport, et base aérienne,
- des données de plus fortes concentrations des PFAS sur eau de surface ou eaux souterraines avec la mention de Hot Spot ,
- des utilisateurs de PFAS.
- Carte de la pollution éternelle en Europe (Source : Forever Pollution Project)
Les PFAS mesurés dans les eaux souterraines sur le bassin Loire-Bretagne
A l’échelle du bassin Loire-Bretagne
En Loire-Bretagne, la surveillance des PFAS dans les eaux souterraines a débuté dès 2011 :
- En 2011, 12 PFAS ont été analysés sur les points DCE (2 campagnes/an) lors de la campagne exceptionnelle ;
- 6 PFAS ont été intégrés à la surveillance régulière des points DCE de 2016 à 2021 (2 campagnes/an) ;
- Depuis 2022, 20 PFAS sont intégrés à la surveillance régulière des points DCE de (2 campagnes/an ; cycle 2022-2027).
Jusqu’à présent, ces substances ne disposaient pas de valeur seuil et n’avaient donc pas été utilisées pour évaluer l’état chimique des eaux souterraines .
Le tableau ci-dessous présente le nombre de points disposant d’analyses PFAS sur le bassin Loire-Bretagne.
- Points de suivi et producteurs de données (bassin Loire-Bretagne)
Depuis 2011, près de 50 000 analyses ont été réalisées sur 669 points d’eau :
- 93 % des analyses sont inférieures aux limites de quantifications (LQ),
- 4 % des analyses sont quantifiées (code remarque 1) et concernent 216 points d’eau.
- 32 % des points d’eau analysés ont présenté une quantification d’au moins un PFAS.
- Répartition des résultats d’analyse des PFAS sur le bassin Loire-Bretagne
« <LD » : inférieure à la limite de détection
« <LQ » : inférieure à la limite de quantification
La carte ci-dessous montre les résultats pour les points d’eau ayant fait l’objet d’analyses (la valeur représentée est la somme maximale de PFAS ayant été quantifiés lors d’une campagne sur l’historique des données).
En résumé :
- 11 points d’eau souterraine (en rouge sur la carte) ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS supérieure à la valeur seuil de 0,1 µg/L (soit 100 ng/L). Les valeurs s’échelonnent de 100,5 à 1188 ng/L.
- 77 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 10 et 100 ng/L.
- 134 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 1 et 10 ng/L.
- 84 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 0 et 1 ng/L.
Limites de quantification : La valeur réglementaire de 0,1 µg/L à ne pas dépasser est issue de la directive eau potable et repose sur une somme de 20 PFAS. Cela implique de pouvoir quantifier chacune d’elle à moins de 0,005 µg/L soit une LQ d’un tiers à savoir environ 0,002 µg/L.
Pour l’année 2022, les analyses non quantifiées présentent des LQ comprises entre 0,2 et 0,0002 µg/L. 43% des analyses ont une LQ < 0,002 µg/L.
- Limite de quantification (LQ) pour les analyses non quantifiées en 2022 (eau souterraine)
Les PFAS mesurés dans les eaux souterraines en région Bretagne
En Bretagne, 37 points d’eau souterraines ont présenté une quantification d’au moins un PFAS au cours des campagnes réalisées depuis 2011. Les quantifications s’échelonnent entre 0,2 et 351 ng/L.
- Bretagne - Surveillance DCE des eaux souterraines (somme PFAS)
- 2 points d’eau souterraine (en rouge sur la carte) ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS supérieure à la valeur seuil de 0,1 µg/L (soit 100 ng/L).
- 14 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 10 et 100 ng/L.
- 24 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 1 et 10 ng/L.
- 16 points d’eau souterraine ont présenté, lors d’une campagne de prélèvement, une somme de PFAS comprise entre 0 et 1 ng/L.
Les PFAS et le SDAGE
La disposition 5B-1 sur les autorisations de rejet des établissements ou installations (y compris les rejets urbains d’eaux usées et pluviaux) responsables des émissions ponctuelles dans le milieu ou dans les réseaux, et concernant les objectifs de réduction, cite le PFOS :
« Substances interdites et ubiquistes : Parmi les substances listées par les directives européennes, certaines font déjà, pour la France, l’objet d’une interdiction réglementaire qui représente l’action ultime de suppression des émissions. Par ailleurs, d’autres substances dites ubiquistes correspondent à des polluants persistants, bioaccumulables, toxiques et multisources s’avérant omniprésents dans l’environnement à savoir : les diphényléthers bromés, le mercure, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), les dioxines, l’hexabromocyclododécane, l’heptachlore et le tributylétain.
Des actions de réduction efficaces sont alors difficiles à mettre en place concernant ces deux catégories de substances mais devront être étudiées dans la mesure des techniques économiquement acceptables dès lors qu’un rejet est identifié ».