Contexte du projet
Les aquifères sédimentaires tertiaires représentent à l’échelle de la Bretagne une faible superficie (inférieure à 100 km2) en comparaison des aquifères de socle . Ils peuvent néanmoins représenter une ressource en eau souterraine potentielle importante en raison de leurs propriétés hydrodynamiques (perméabilité et emmagasinement) nettement plus favorables à l’exploitation d’eau que les aquifères de socle environnants.
Le projet ICARE (Identification et Caractérisation des Aquifères tertiaiREs et quaternaires stratégiques de Bretagne) a été proposé par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, l’Agence Régionale de la Santé, le BRGM, avec le soutien du Syndicat Mixte de Gestion de l’eau potable de l’Ille-et-Vilaine (SMG Eau 35), afin de fournir des éléments pour la délimitation de NAEP (Nappes réservées pour l’Alimentation en Eau Potable , listées dans l’orientation 6E du SDAGE Loire-Bretagne 2016-2021) et de Zones de Sauvegarde pour le Futur pour l’alimentation en eau potable (ZSF pour la Directive Cadre Européenne sur l’Eau), en complément du projet ANAFORE mené en parallèle sur les aquifères de socle bretons (Schroëtter et al., 2020), pour le SDAGE Loire-Bretagne 2022-2027.
Ce projet cherche à combler les manques de connaissance actuels et à établir une quantification et une hiérarchisation du potentiel de ces ressources tertiaires, aussi bien pour les bassins actuellement exploités pour l’eau potable que pour ceux non identifiés et/ou exploités à ce jour, mais pouvant faire l’objet de prélèvements dans le futur.
Connaissance et fonctionnement des bassins tertiaires bretons
A l’échelle régionale, aucun document de synthèse des bassins sédimentaires en lien avec l’exploitation en eau potable n’était disponible. La présente étude a permis de faire le recensement de 68 bassins dont 21 sont exploités pour l’eau potable. Les prélèvements dans ces bassins sédimentaires représentent actuellement entre 17 et 20% des prélèvements souterrains pour la production d’eau potable de la région, soit environ 4% du volume total de prélèvements d’eau potable de la région, toutes origines confondues.
Il apparait que pour une majorité des bassins, les connaissances sur 1) les ressources disponibles et 2) le fonctionnement des bassins est limité.
Les bilans hydrogéologiques calculés sur l’ensemble des bassins indiquent que les taux d’exploitation sont bien souvent supérieurs aux taux de remplissages théoriques, sans que ceci n’induise obligatoirement de surexploitation de la ressource. Ceci indique que pour une majorité de ces bassins des apports extérieurs importants existent. Ces apports peuvent venir des cours d’eau ou des apports par l’encaissant mais ils sont rarement quantifiés.
Ces observations induisent que, pour une majorité des bassins, notamment ceux de petite taille, le fonctionnement hydrogéologique de la ressource est de type drain\tampon. Dans ce contexte le bassin sert de zone exploitable au travers une zone localement perméable permettant l’exploitation de forages à forts débits, et, grâce à la porosité élevée (en comparaison des aquifères de socle encaissant), une réserve tampon permettant une accessibilité et un stock provenant en partie de l’extérieur du bassin. Cependant, les observations sur certains sites montrent que ce stock doit être dans une majorité des cas relativement faible et que ces ressources offrent une résistance limitée à la sécheresse.
Sélection de bassins
Dans l’objectif de délimitation de NAEP (nappes à réserver pour l’alimentation en eau potable ) et de Zones de Sauvegarde pour le Futur pour l’alimentation en eau potable (ZSF pour la Directive Cadre Européenne sur l’Eau), la sélection de plusieurs bassins tertiaires est particulièrement intéressante, en complément des travaux réalisés sur les aquifères de socle dans le cadre du projet ANAFORE.
24 bassins tertiaires ont été identifiés comme intéressants à proposer en NAEP et classés en priorité 1. En complément, 10 bassins non exploités mais sur lesquels peu de connaissances sont disponibles ont été classés en priorité 2 afin de recueillir des informations complémentaires.
Potentielles nouvelles ressources
Les investigations complémentaires menées sur des bassins non exploités ont montré que peu de nouveaux bassins semblent disponibles pour l’exploitation de nouvelles ressources en eau en Bretagne. Cependant, les observations sur le fonctionnement des bassins exploités et leur rôle de drain/tampon offre des possibilités a priori non exploitées. En effet, les recherches d’eau souterraine, qui ont été concentrées dans les années 70-80, se sont focalisées sur les bassins de tailles importantes. Or, avec l’évolution des connaissances sur les aquifères de socle , il semble que des bassins de taille modérée, suivant des orientations N150 (directions identifiées dans le projet ANAFORE comme pouvant conduire l’eau et agir comme des drains), pourraient être étudiés comme nouvelles ressources, non pas en considérant uniquement le bassin en tant que tel mais comme une zone d’exploitation d’une ressource provenant de l’encaissant ou d’une ressource superficielle.
Conclusion
Le projet ICARE a permis de faire évoluer la connaissance et la compréhension des bassins tertiaires : même s’ils peuvent apparaitre comme des objets géologiques bien délimités, au fonctionnement a priori plus simple que les aquifères de socle environnants, leur fonctionnement est rarement connu précisément et leurs relations avec le socle et les cours d’eau sont peu quantifiées. Sur une sélection de 13 bassins, des fiches descriptives détaillées ont été rédigées (volume séparé).
Ce projet a également mis en évidence des perspectives intéressantes d’exploitation de bassins de taille modérée.
Consultez le rapport final du projet ICARE pour plus d’informations.
Etude complémentaire en Ille-et-Vilaine : ICARE 35 (2023)
En complément des travaux réalisés lors du projet ICARE, des fiches descriptives détaillées ont été rédigées en 2023 sur 14 bassins sédimentaires exploités pour l’eau potable en Ille-et-Vilaine, dans le cadre du projet ICARE 35 (partenariat entre le BRGM et le SMG Eau 35) :
- Chartres-de-Bretagne/Bruz/Saint-Jacques-de-La-Lande
- Lillion (Bougrières)
- Evran (Bleuquen) - Le Quiou - Tréfumel (Côtes d’Armor)
- Feins (La Chaumière)
- Gahard (La Tournerie)
- Langon (Illette – Etier – Briquerie)
- Lassy (La Chapinais)
- Le-Theil-de-Bretagne (La Groussinière)
- Mernel
- Saint-Aubin-d’Aubigné (Beauregard/La Douettée)
- Saint-Georges-de-Chesné (Les Aunays)
- Saint-Grégoire (La Noë)
- Saint-Jean-sur-Couesnon (Le Rocher)
- Saint-Senoux (Bourhan)
Consultez le rapport final du projet ICARE 35 pour plus d’informations.