Jean-Michel Schroëtter nous explique en quelques mots la relation entre la géologie et les sols sur lesquels nous vivons.
- Profil d’altération mis en valeur par les travaux sur la N12 au nord-ouest de Rennes (BRGM)
Qu’est-ce que la « maladie tertiaire » ?
La « maladie tertiaire » est un concept défini par un vieux géologue breton, le professeur Millon en 1932. Yves Millon a fait le constat que toutes les roches du Massif Armoricain, et donc de Bretagne, étaient ameublies, transformées sur place (in situ) en sables, limons et argiles par les eaux de pluie. Ce sont les fameuses arènes granitiques et les argiles à kaolin. C’est cette transformation des roches qu’il a appelée « maladie tertiaire ».
Et pourquoi tertiaire ?
Car c’est un phénomène nécessitant des climats humides et plus chauds certainement que l’on retrouve à la périphérie du Massif Armoricain enregistrés dans des roches d’âge tertiaire (60 à 50 millions d’années).
Quelles en sont les conséquences principales ?
Les conséquences de la « maladie tertiaire » sont importantes pour la compréhension et l’évolution des paysages bretons. Avec des roches historiquement considérées comme dures, il était admis par exemple qu’il n’y avait pas d’eau souterraine. Grâce à la « maladie tertiaire », les roches « malades » transformées en sables par l’altération ont acquis une certaine porosité qui leur permet de recevoir les eaux de pluie et de constituer des réservoirs souterrains.
Les autres conséquences importantes sont les répercussions sur les risques naturels comme les mouvements de terrain tels que les coulées de boue ou l’érosion littorale. Il existe des conséquences de cette altération plus positives comme la création de gisements d’argiles de classe mondiale : les kaolins de Ploemeur (56).
Pour conclure, quel est le lien entre la géologie et le sol ?
Cette « maladie tertiaire » est en fait un phénomène que l’on connait à l’échelle de la planète : l’altération des roches sous des climats chauds et hydrolysants ; elle est le trait d’union entre les roches profondes qui constituent le soubassement de notre région et l’épiderme superficiel et fragile que constituent nos sols bretons.