Révision de l’état des lieux 2019

Cet article est un résumé de la mise à jour de l’état des lieux du bassin Loire-Bretagne, adoptée par le comité de bassin Loire-Bretagne le 12 décembre 2019, disponible en version complète sur le site internet SDAGE et SAGE en Loire-Bretagne. Il se focalise sur les eaux souterraines  .

Il a été rédigé par le BRGM Bretagne en collaboration avec l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.

1. Qu’est-ce que l’état des lieux ?

En application de la Directive‑cadre européenne sur l’eau (DCE), le comité de bassin Loire-Bretagne réalise tous les 6 ans un diagnostic de son territoire. Il est basé sur 2 éléments :

  • la qualité des eaux, définie grâce à l’exploitation des données sur les milieux aquatiques (inventaires biologiques et analyses physico-chimiques) : l’état des eaux ;
  • l’identification des activités à l’origine de la dégradation de ces milieux : les pressions significatives.

Cet exercice permet d’identifier les bassins versants devant bénéficier d’actions de reconquête de la qualité des eaux et des milieux aquatiques. On parle alors de masses d’eau risquant de ne pas atteindre les objectifs environnementaux.

L’état des lieux permet d’avoir une vision globale de la situation du bassin. Il permet d’orienter la politique de l’eau des territoires et de déterminer les objectifs environnementaux inscrits dans le SDAGE.

La réalisation de l’état des lieux est un exercice cadré par l’application de méthodes nationales permettant de déterminer l’état des masses d’eau, la plupart des pressions exercées sur celles-ci et les risques qui en découlent. Elle a fait l’objet d’un important travail de concertation locale.

La méthodologie de l’état des lieux a été détaillée dans l’article Révision de l’état des lieux 2013. Seuls les principaux résultats de l’état des lieux 2019 sur les eaux souterraines   sont présentés dans cet article. En 2019, l’analyse du risque repose sur des méthodes et des éléments de connaissance améliorés par rapport au précédent état des lieux de 2013.

La mise à jour de l’état des lieux en 2019 marque le démarrage de la préparation du SDAGE 2022-2027 par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.

Un objectif de cette révision de l’état des lieux est d’évaluer le risque de non atteinte des objectifs environnementaux (RNAOE), c’est -à-dire le risque, pour une masse d’eau   [1] donnée, de ne pas atteindre les objectifs environnementaux à l’horizon 2027.

La caractérisation de ce risque permet d’identifier les masses d’eau où il faut :

  • engager des actions entre 2022 et 2027 (inscrites dans le programme de mesures du SDAGE). Ces actions devront permettre de réduire les pressions identifiées comme étant à l’origine du risque.
  • justifier une dérogation à l’objectif de respect du bon état en 2027 (report d’échéance ou objectif moins strict).
  • prévoir un suivi de l’état des eaux pour évaluer les effets des actions engagées (contrôles opérationnels du programme de surveillance).

Pour les masses d’eau souterraine, la pression « pollution diffuse » est le principal risque.

2. L’état des masses d’eau souterraine

L’évaluation de l’état des masses d’eau souterraine repose sur l’état quantitatif et l’état chimique (état qualitatif) calculés sur la période 2012-2017.

2.1. Etat quantitatif

Pour atteindre le bon état quantitatif des masses d’eau souterraine, il faut :

  • assurer un équilibre sur le long terme entre les volumes s’écoulant au profit des autres milieux ou d’autres nappes, les volumes captés et la recharge   de chaque nappe,
  • éviter une altération   significative de l’état chimique et/ou écologique des eaux de surface liée à une baisse d’origine anthropique du niveau piézométrique  ,
  • éviter une dégradation significative des écosystèmes terrestres dépendants des eaux souterraines   en relation avec une baisse du niveau piézométrique  ,
  • empêcher toute invasion saline ou autre liée à une modification d’origine anthropique des écoulements.

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, l’évaluation de l’état quantitatif des eaux souterraines   montre que 88 % des masses d’eau sont en bon état quantitatif (soit 128 masses d’eau souterraine) et 12 % sont en mauvais état quantitatif (soit 18 masses d’eau). Elles sont déclassées du fait qu’elles ne garantissent pas une alimentation en eau suffisante au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques de surface et/ou terrestres associés.

En Bretagne, toutes les masses d’eau souterraine sont en bon état quantitatif.

État quantitatif 2017 des masses d’eau souterraines bretonnes

2.2. Etat chimique

L’état chimique d’une eau souterraine est considéré comme bon :

  • lorsque les concentrations en polluants dues aux activités humaines :
    • ne dépassent pas les normes définies au niveau national ou européen,
    • n’empêchent pas d’atteindre les objectifs fixés pour les eaux de surface et les écosystèmes terrestres alimentés par cette masse d’eau   souterraine,
    • n’empêchent pas d’atteindre les objectifs liés aux zones protégées (zones de captage   d’eau pour la consommation humaine).
  • lorsqu’il n’est constaté aucune intrusion d’eau salée due aux activités humaines.

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, l’évaluation de l’état chimique des eaux souterraines   montre sur près des deux tiers des masses d’eau souterraine (64 % soit 93 masses d’eau) sont classées en bon état chimique. Les masses d’eau en état médiocre (36 % soit 53 masses d’eau) sont dégradées par de fortes teneurs : en nitrates   seuls (42 %), en pesticides seuls (23 %) ou les deux (36 %). Les masses d’eau en mauvais état chimique dans le bassin Loire-Bretagne sont situées principalement sur le domaine sédimentaire et sur le massif armoricain.

Par ailleurs, de nombreuses masses d’eau souterraine présentent un fond géochimique naturel   spécifique pour différents éléments. Les paramètres concernés sont principalement : le manganèse, le fer, l’arsenic, l’aluminium et plus localement les orthophosphates, l’ion fluorure, le sélénium, le phosphore total, les sulfates, l’ammonium, les chlorures et le nickel (voir 2.4. Prise en compte du fond hydrogéochimique).

En Bretagne, l’évaluation de l’état chimique des eaux souterraines   montre aussi que près des deux tiers des masses d’eau souterraine (62 % soit 16 masses d’eau) sont classées en bon état chimique. Les masses d’eau en état médiocre (38 % soit 10 masses d’eau) sont dégradées par de fortes teneurs en nitrates   seuls (90 %) ou par de fortes teneurs en nitrates   et en pesticides (10 %).

État chimique 2017 des masses d’eaux souterraines bretonnes

2.3. Évolution de l’état des masses d’eau souterraine depuis le précédent état des lieux

L’état quantitatif des masses d’eau souterraine évalué selon les critères définis par la DCE est globalement stable depuis 2011 avec plus de 80 % des masses d’eau en bon état. En Bretagne, l’ensemble des masses d’eau souterraine sont toujours en bon état quantitatif.

L’état chimique des masses d’eau souterraine du bassin Loire-Bretagne, évalué selon les critères définis par la DCE, est globalement stable depuis 2011 avec plus de 60 % des masses d’eau en bon état. Par rapport à l’état des lieux 2013, on notera tout de même :

  • une dégradation de l’état chimique pour 11 masses d’eau à l’échelle du bassin Loire-Bretagne (dont 1 masse d’eau   souterraine en Bretagne : Arguenon) qui peut s’expliquer par une amélioration des connaissances (prise en compte d’un nombre de points d’eau et de paramètres analysés plus important),
  • une amélioration de l’état chimique pour 5 masses d’eau (dont 1 masse d’eau   souterraine en Bretagne : Baie de Lannion).

L’évolution de l’état des masses d’eau souterraine depuis 2007 est consultable sur le site de l’Observatoire de l’Environnement en Bretagne.

2.4. Prise en compte du fond hydrogéochimique

L’évaluation du bon état chimique des masses d’eau souterraine, nécessite de bien connaître les fonds géochimiques naturels de manière à distinguer les éléments traces naturellement présents dans le milieusouterrain de ceux résultant des activités humaines.

Dans le cadre de la transposition de la Directive européenne 2014/80/UE portant sur le fond géochimique, l’article 4 de l’arrêté modifié du 17 décembre 2008 [2] indique : « Chaque fois que des concentrations de référence élevées de substances ou d’ions ou de leurs indicateurs sont enregistrées pour des raisons hydrogéologiques naturelles, ces concentrations de référence de la masse d’eau   souterraine concernée sont prises en considération lors de l’établissement des valeurs seuils. »

Dans ce cadre, le BRGM a proposé une approche globale pour la définition des fonds hydrogéochimiques des eaux souterraines   sur le bassin Loire-Bretagne (rapport BRGM/RP-67573-FR). L’objectif était de caractériser, en travaillant à une échelle régionale, les gammes de concentrations de 20 éléments naturels dissous (concentration de référence) non perturbées par des activités anthropiques ou des anomalies géochimiques. Les éléments étudiés sont : Aluminium, Ammonium, Antimoine, Arsenic, Baryum, Bore, Cadmium, Chlorures, Chrome, Cuivre, Fluor, Fer, Manganèse, Mercure, Nickel, Phosphore total, Plomb, Sélénium, Sulfates, Zinc.

Parmi les 20 paramètres concernés par l’étude, seuls 11 paramètres sont déclassants à l’échelle des masses d’eau souterraine du bassin Loire-Bretagne (Mn, Fe, As, Al, F, B, Se, Phosphore total, NH4, Cl, SO4).

3. Pressions

Par pression, on entend tout prélèvement, rejet, altération  , lié à des activités humaines susceptibles d’affecter le bon état des masses d’eau.

La notion de « pressions » est issue du schéma conceptuel (DPSIR) liant activité, pression et état des eaux.

Schéma conceptuel liant activité, pression et état des eaux

Couplée à l’analyse de l’état quantitatif et l’état chimique des masses d’eau, l’analyse des pressions permet d’identifier celles qui risquent de ne pas atteindre les objectifs environnementaux en 2027. Elle est particulièrement importante dans le cas où l’état des eaux n’a pu être mesuré de façon fiable : elle est dans ce cas la seule information permettant de renseigner la situation de la masse d’eau  . L’analyse des pressions permet également d’identifier les causes du risque et donc d’orienter les actions du programme de mesures vers les usages ou activités concernées.

Les informations collectées sur les différents types de pressions ont été affectées en cinq catégories (pollutions ponctuelles par les macropolluants et micropolluants, pollutions diffuses, prélèvements, altérations hydromorphologiques, autres pressions).

La caractérisation des pressions s’est déroulée en deux temps :

  • une première étape de collecte des données, d’analyse et de mise en forme à l’échelle du bassin ;
  • une seconde étape de concertation technique locale.

3.1. Les pressions liées aux rejets ponctuels

Les rejets ponctuels sont caractérisés par le déversement de matières polluantes directement dans le milieu aquatique, s’effectuant au niveau d’un ouvrage localisé.

L’analyse des pressions industrielles sur les eaux souterraines   fait ressortir trois principaux secteurs à enjeux exerçant une pression à l’échelle des masses d’eau souterraine. Ils sont localisés aux alentours de Quimper en Bretagne, le long de l’estuaire de la Loire vers Nantes en Pays de la Loire et aux alentours de Vierzon en région Centre-Val de Loire. Ces trois secteurs ne représentent pas les zones industrielles les plus importantes à l’échelle du bassin mais celles les plus susceptibles de générer une contamination des eaux souterraines   en raison d’une superficie conséquente par rapport à la surface de la ou des masses d’eau souterraine sous-jacentes.

3.2. Les pressions liées aux apports diffus (nitrates  , pesticides)

Les apports diffus sont caractérisés par l’apport de matières polluantes dans le milieu aquatique, sans qu’il soit possible d’identifier un ouvrage localisé au niveau duquel la pollution serait introduite directement dans le milieu.

Ces apports diffus sont de 4 natures différentes :

  • nitrates   d’origine agricole,
  • phosphore d’origine agricole,
  • pesticides d’origine agricole ou urbaine,
  • autres types d’apports diffus (dépôts atmosphériques, assainissement non collectif…).

3.2.1 Les nitrates  

La caractérisation de la pression en nitrates   sur les eaux souterraines   nécessite de déterminer la pression qui arrive à la nappe et qui est susceptible de générer un impact. Pour cela, la prise en compte des temps de transfert en zone non saturée   permet de restituer dans le temps la pression à l’origine de la dégradation des eaux souterraines   à l’instant t. C’est nécessaire dans les contextes où la pression responsable des concentrations en nitrates   dans les eaux souterraines   peut être très ancienne. Le niveau de pression brute en nitrates   sur les ressources en eau de Bretagne est homogène pour les eaux souterraines   et superficielles en raison de la faible inertie des nappes qui sont rapidement redirigées vers les eaux superficielles (de 5 à 10 ans en moyenne).

La méthode de caractérisation des pressions liées aux apports diffus de nitrates   à l’aide du bilan azoté CASSIS-N est détaillée dans l’Etat des lieux 2019 (p. 185 et suivantes).

Pression brute liée aux apports diffus de nitrates dans les eaux souterraines bretonnes

3.2.2 Les pesticides

La pression en pesticides a été élaborée par la prise en compte des données de vente de pesticides et des données traduisant la vulnérabilité des nappes (usage des pesticides, aptitude à transférer vers les eaux souterraines  , susceptibilité du milieu à transférer les pesticides, temps de transfert en zone non saturée  ).

Pression brute liée aux apports diffus de pesticides dans les eaux souterraines bretonnes

Pour les eaux souterraines  , les concentrations interannuelles (2011-2016) des points de mesure sont comparées à la valeur seuil, définie dans la DCE et la Directive fille relative, de 0.1 μg/l. Les molécules les plus souvent déclassantes pour les eaux souterraines   sont l’atrazine et deux de ses métabolites : l’atrazine déséthyl déisopropyl et l’atrazine déséthyl. Le bentazone, le métolachlore, le glyphosate, l’AMPA et le 2,6-Dichlorobenzamide sont déclassants plus localement.

Cinq de ces huit molécules sont interdites à la vente, parfois même depuis 2003 (cas de l’atrazine). La forte inertie de certaines masses d’eau souterraine permet d’expliquer la présence de ces molécules même après leur interdiction et l’arrêt des ventes. Toutefois, la présence des produits de dégradation, montre que la qualité de l’eau s’améliore mais nécessite du temps.

Le métalochlore retrouvé dans les eaux souterraines   constitue un cas particulier. En effet, deux molécules différentes existent : le métolachlore, substance interdite depuis 2003 et le S-métolachlore, substance largement utilisée depuis le retrait à la vente de l’atrazine. Les laboratoires ne sont pas en mesure d’identifier en 219 les proportions des deux isomères qui composent ces molécules. Ainsi, lorsque du métolachlore est retrouvé dans les eaux souterraines  , il n’est pas possible de dire si son origine est ancienne (molécule interdite) ou récente (molécule autorisée).

Parmi les molécules vendues en 2019, seuls le glyphosate et probablement une partie du S-métolachlore déclassent les eaux souterraines   (l’AMPA est un métabolite du glyphosate). Ces deux substances font partie des dix molécules les plus vendues sur le bassin Loire-Bretagne.

3.3. Les pressions de prélèvements

Une méthode estimative a été utilisée pour approcher au mieux les prélèvements pour l’alimentation en eau des élevages en dehors des prélèvements issus du réseau d’alimentation en eau potable   (AEP).

Ces prélèvements constituent des pressions certes déjà existantes en 2013, mais alors non chiffrées et devenant explicatives de l’état des masses d’eau en 2019.

Les pressions liées aux prélèvements d’eau ont été étudiées sur les trois milieux suivants :

  • les cours d’eau ;
  • les nappes libres, c’est-à-dire les premières nappes rencontrées à partir du sol, celles qui contribuent notamment à l’alimentation des cours d’eau et de certaines zones humides ;
  • les nappes captives, plus profondes, indépendantes des cours d’eau et protégées de la surface par un écran géologique imperméable.

La pression de prélèvement sur les nappes libres a été approchée par le calcul d’un « taux d’exploitation » correspondant au rapport prélèvement / ressource disponible, c’est-à-dire le rapport entre volume annuel prélevé (durant l’année 2013) et recharge   interannuelle de la nappe (volume annuel de pluie infiltré dans la nappe).

La méthodologie, élaborée pour estimer les prélèvements pour l’alimentation en eau des élevages directement dans le milieu naturel (et donc non comptabilisés dans l’état des lieux 2013), s’appuie sur les données du recensement agricole de 2010 et consiste à calculer le nombre d’UGB (Unité Gros Bovin) au droit de chaque masse d’eau   souterraine libre. Une analyse bibliographique, notamment à partir des études réalisées dans le cadre des SAGE du bassin Loire-Bretagne, a conduit à retenir les références complémentaires suivantes :

  • consommation journalière moyenne des animaux : 40 litres / jour / UGB,
  • 60 % des prélèvements sont effectués dans le milieu naturel et 40 % sur le réseau AEP,
  • 60 % des prélèvements dans le milieu sont effectués en nappe et 40 % en eau de surface.

Ces références appliquées de façon uniforme sur le bassin permettent d’estimer les volumes prélevés dans chaque masse d’eau  .

Les pratiques peuvent être différentes sur certains bassins versants mais il est impossible de prendre en compte toutes les disparités locales.

La prise en compte de l’abreuvement du bétail apporte peu d’augmentation de pression, moins de 1 %, par rapport au précédent état des lieux. Cette très légère augmentation apparaît en régions Bretagne et Pays de la Loire.

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, de très fortes pressions s’exercent en Beauce et sur la chaine des Puys en Auvergne. La pression de prélèvement reste faible en Bretagne.

Un calcul différent a été réalisé pour les nappes alluviales, en lien avec les rivières. Le calcul de pression est donc le rapport entre débit prélevé dans la nappe en été et débit d’étiage du cours d’eau au droit de la masse d’eau   souterraine alluviale. Pour calculer le débit estival prélevé en nappe, on admet que le volume annuel prélevé est réparti sur 3 mois pour l’irrigation et sur 12 mois pour les autres usages.

L’intensité des prélèvements dans une nappe peut conduire à un déséquilibre piézométrique de celle-ci si le volume prélevé global cumulé à l’alimentation naturelle des cours d’eau par les nappes dépasse la recharge   annuelle de la nappe. Cette situation est toutefois acceptable certaines années et une analyse interannuelle doit être conduite pour vérifier l’équilibre piézométrique de chaque masse d’eau  . Dans le bassin Loire-Bretagne, seule la nappe captive   du Cénomanien présente depuis de nombreuses années un déséquilibre piézométrique avéré.

L’analyse de l’évolution des prélèvements de 1998 à 2017 ne montre pas de tendance nette. Les économies d’eau compensent globalement les besoins.

Pression des prélèvements annuels sur les nappes libres bretonnes en 2013

4. Scénario tendanciel

L’estimation du risque de ne pas atteindre les objectifs environnementaux en 2027 repose sur deux bases :

  • la situation initiale : la caractérisation des usages de l’eau et de leurs incidences sur le milieu (les pressions) ; l’état actuel des masses d’eau ;
  • l’évolution des pressions associées aux usages de l’eau à un horizon de 10 ans. C’est l’objet du scénario tendanciel.

Pour les différentes pressions, des scénarios ont été retenus :

5. Risque de Non Atteinte des Objectifs Environnementaux pour les eaux souterraines  

Le risque est construit à partir de trois éléments de connaissance :

  1. L’état des masses d’eau qui rend compte de la situation actuelle de la masse d’eau   estimé à l’aide de mesures réalisées in situ et, lorsqu’il est moins que bon, des paramètres à l’origine du déclassement ;
  2. Les pressions (rejets ponctuels et diffus, prélèvements…) qui s’exercent sur les milieux, permettent d’identifier les causes à l’origine de la dégradation de la masse d’eau  , sur lesquelles le programme de mesures devra porter ses efforts ;
  3. Le scénario tendanciel qui a pour objectif de préciser les tendances d’évolution des pressions, afin d’évaluer leurs impacts probables sur l’état des masses d’eau d’ici 2027.

Le croisement de l’état avec le scénario tendanciel permet d’évaluer le Risque de Non Atteinte des Objectifs Environnementaux pour les eaux souterraines   (RNAOE) :

Méthode de caractérisation du risque pour les eaux souterraines

L’appréciation du risque de non-atteinte des objectifs quantitatifs est établie en partant d’un état initial des masses d’eau en 2019 et en lui appliquant un scénario tendanciel des pressions en 2027.

La démarche comprend donc quatre phases :

  1. détermination de l’état initial à partir de plusieurs critères pour les aspects quantitatifs,
  2. calcul des pressions de prélèvements actuelles,
  3. détermination des scénarios de pressions en 2027,
  4. estimation du risque.

Pour évaluer le bon état quantitatif initial d’une masse d’eau   souterraine, quatre objectifs sont à analyser :

  1. assurer un équilibre sur le long terme entre les volumes s’écoulant au profit des autres milieux ou d’autres nappes, les volumes captés et la recharge   de chaque nappe,
  2. éviter une altération   significative de l’état chimique et/ou écologique des eaux de surface liée à une baisse d’origine anthropique du niveau piézométrique  ,
  3. éviter une dégradation significative des écosystèmes terrestres dépendants des eaux souterraines   en relation avec une baisse du niveau piézométrique  ,
  4. empêcher toute invasion saline ou autre, liée à une modification d’origine anthropique des écoulements.

Une masse d’eau   souterraine est classée en mauvais état quantitatif initial dès qu’un de ces objectifs n’est pas respecté. Pour chacun de ces objectifs, nous avons admis qu’il fallait qu’une superficie significative de la masse d’eau   souterraine soit concernée (au moins 20 %) pour la classer en mauvais état quantitatif initial.

L’appréciation du risque de non-atteinte des objectifs qualitatifs (chimiques) s’appuie sur les résultats des mesures effectuées sur les différents réseaux de mesure permettant d’évaluer l’état du milieu. Elle doit également résulter d’un croisement d’indices, en particulier, le niveau des pressions actuelles et, le cas échéant, leur évolution, la vulnérabilité intrinsèque de la masse d’eau   et les désordres déjà constatés.

La démarche comprend donc quatre phases :

  1. détermination des points d’eau à risque de non-atteinte du bon état chimique,
  2. calcul des pressions polluantes actuelles,
  3. détermination des scénarios de pression en 2027,
  4. estimation du risque.

Pour évaluer le risque de non-atteinte des objectifs qualitatifs d’une masse d’eau   souterraine, cinq objectifs sont à analyser :

  1. pour chaque paramètre, les points d’eau en risque ne doivent pas représenter plus de 20 % de la masse d’eau   souterraine,
  2. pas de risque d’altération   de l’état écologique d’une masse d’eau   de surface résultant d’un transfert de polluant depuis les masses d’eau souterraine,
  3. pas de risque d’altération   de l’état écologique d’une zone humide résultant d’un transfert de polluant depuis les masses d’eau souterraine,
  4. pas de risque d’augmentation de la salinité des eaux souterraines  ,
  5. pas risque de dégradation de la qualité des masses d’eau souterraine quand celles-ci sont utilisées pour l’alimentation en eau potable  .

Une masse d’eau   souterraine sera classée en risque si au moins un de ces objectifs n’est pas respecté.

5.1. Risque quantitatif

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, 18 masses d’eau souterraine (soit 12 % du total) présentent un risque de non-atteinte des objectifs quantitatifs.

En Bretagne, aucune masse d’eau   ne présente de risque quantitatif, comme pour le précédent état des lieux de 2013.

Risque quantitatif pour les masses d’eau souterraines bretonnes

5.2. Risque qualitatif

La caractérisation des masses d’eau souterraine en risque lié à des problèmes qualitatifs vis-à-vis des nitrates   résulte de l’analyse de trois types d’information : la qualité initiale vis-à-vis des nitrates  , les pressions sur les eaux souterraines   (apports diffus de nitrates  ) et les scénarios tendanciels (évolution des teneurs en nitrates   à l’horizon 2027).

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, parmi les 61 masses d’eau présentant un risque qualitatif, 48 sont en risque nitrates  . Ces masses d’eau sont réparties sur l’ensemble du bassin. Sur ces 48 masses d’eau souterraine en risque nitrates  , 19 le sont aussi pour les phytosanitaires.

En Bretagne, 50% des masses d’eau souterraine (soit 13 masses d’eau) présentent un risque qualitatif. Parmi ces 13 masses d’eau présentant un risque qualitatif, 12 sont en risque nitrates  .

Risque qualitatif pour les masses d’eau souterraines bretonnes

La caractérisation des masses d’eau souterraine en risque lié à des problèmes qualitatifs vis-à-vis des phytosanitaires résulte de l’analyse de trois types d’information : la qualité initiale vis-à-vis des phytosanitaires, les pressions sur les eaux souterraines   (apports diffus de phytosanitaires) et les scénarios tendanciels (évolution des teneurs en phytosanitaires à l’horizon 2027).

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, parmi les 61 masses d’eau présentant un risque qualitatif, 32 sont en risque pesticides. Ces masses d’eau sont situées plutôt dans la partie centrale du bassin, en domaine sédimentaire.

En Bretagne, parmi les 13 masses d’eau présentant un risque qualitatif, 2 sont en risque pesticides (Le Léon FRGG001 et les alluvions de la Vilaine FRGG115).

5.3. Risque global

A l’échelle du bassin Loire-Bretagne : 45% des masses d’eau souterraine (soit 66 sur 146 masses d’eau souterraines) présentent un risque de non-atteinte de leurs objectifs environnementaux en 2027 :

  • 18 masses d’eau souterraine (soit 12 %) présentent un risque de non-atteinte des objectifs quantitatifs : elles sont globalement situées sur un axe nord-est / sud-ouest.
  • 61 masses d’eau souterraine (42 %) présentent un risque de non-atteinte des objectifs qualitatifs (29 le sont du seul fait des nitrates  , 19 du fait conjugué des nitrates   et des pesticides et 13 du seul fait des pesticides). Elles sont réparties sur l’ensemble du bassin. L’Auvergne, le Limousin et le sud de la Bretagne sont des régions globalement préservées.

Pour les masses d’eau souterraine du bassin Loire-Bretagne, le Risque global de Non Atteinte des Objectifs Environnementaux (qualité et quantité) est le suivant :

Risque de non-atteinte des objectifs à 2027 sur les masses d’eau souterraines du bassin Loire-Bretagne

En Bretagne, 50% des masses d’eau souterraine (soit 13 masses d’eau) présentent un risque de non-atteinte de leurs objectifs environnementaux en 2027. Ces 13 masses d’eau sont en risque qualitatif : 11 le sont du seul fait des nitrates   (Baies d’Audierne, de Morlaix et de Saint-Brieuc, Arguenon, Rance-Frémur, Vilaine, Couesnon, Mayenne, Oudon, Trieux-Leff, Guindy-Jaudy-Bizien), 1 du fait conjugué des nitrates   et des pesticides (Léon) et 1 du seul fait des pesticides (Alluvions de la Vilaine). Aucune masse d’eau   souterraine bretonne n’est en risque quantitatif.

Risque de non-atteinte des objectifs à 2027 sur les masses d’eau souterraines bretonnes

[1Cours d’eau, plan d’eau, nappes d’eau souterraine, littoral

[2Arrêté du 17 décembre 2008 établissant les critères d’évaluation et les modalités de détermination de l’état des eaux souterraines et des tendances significatives et durables de dégradation de l’état chimique des eaux souterraines

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